Observer son cycle, quelle méthode choisir ?

Plusieurs études montrent que 40% à 60% des femmes interrogées souhaitent recevoir plus d’informations de la part de leur médecin sur des méthodes de contraceptions qui soient non-hormonale, non-chirurgicale et non-mécanique.

Qu’est-ce qu’un MOC ?

Le souhait de mieux maitriser la fécondité est ancien. Cependant les méthodes de gestion de la fertilité fondées sur une meilleure connaissance de la physiologie génétique de la femme et de l’homme sont relativement récentes (XIXe siècle). Les MOC datent des années 1960 environ. Ce sont des méthodes scientifiques et fiables de suivi du cycle ovulatoire. Fondées sur l’observation quotidiennes des biomarqueurs de fertilité de la femme selon un protocole précis (propre à chaque méthode, c’est ce que l’on va voir un peu plus bas), mais en gros c’est grâce à trois indices : la glaire cervicale, la température basale et le col de l’utérus. Elles permettent de déterminer si le jour qui vient de se terminer était un jour de fertilité ou d’infertilité. Les biomarqueurs donnent de nombreuses informations notamment sur les symptômes hormonaux qui dépassent le simple sujet de la fertilité et font du tableau d’observation de chaque femme un outil précieux, en gynécologie, dans le diagnostic comme la thérapie.

D’où ça vient ?

Un peu d’histoire …. Au XXe siècle, ce sont les chrétiens catholiques qui ont développé les MOC, car contre la contraception. Ils ont toujours blâmé l’utilisation de la contraception, alertant les couples et la société en général sur les dangers potentiels des contraceptifs. Cependant, une gestion responsable de la fertilité est fortement encouragée. Les méthodes naturelles de régulation des naissances (MNRN) sont devenues l’outil privilégié dans ce cas : le couple identifie les jours de fertilité de la femme et, s’il décide d’éviter une nouvelle grossesse, s’abstient de tout contact génital pendant cette période. En 1968, le pape Paul VI a même exhorté les médecins et les chercheurs à renforcer la recherche et l’excellence scientifique dans ce domaine pour que les MNRN soient fiables et de qualité.

Malgré son origine (fortement) catholique, chaque femme, chaque couple, chaque professionnel de santé est concerné et peut utiliser ces méthodes, qui présentent un bénéfice dans de nombreux domaines conjugaux et médicaux. D’ailleurs les nombreuses études publiées sur ces sujets sont des expertises scientifiques de qualité. Alors dépassons les préjugés et découvrons ce contenu riche et passionnant.

Depuis 2016, l’expression MOC a été créée à l’instar de MNRN. Ces méthodes dépassent la notion de gestion de la fertilité et s’adressent à toute femme, notamment célibataire qui souhaite prendre soin de sa santé gynécologique, ainsi qu’à tous les couples. Aussi, le terme MOC met en évidence l’engagement scientifique de ces méthodes, certes elles respectent la fertilité naturelle, mais elles sont surtout le fruit d’une véritable exigence de recherche scientifique et médicale, depuis leur création et lors de leur évaluation dans des études de fiabilité.

Les objectifs

  • Le suivi de sa santé gynécologique (mieux connaître et comprendre son cycle et sa fertilité naturelle). Le cycle féminin est vu comme un signe vital de bonne ou mauvaise santé.
  • La régulation des naissances (éviter ou favoriser une conception).
  • L’augmentation des chances de concevoir.
  • Le diagnostic et le traitement des causes des pathologies gynécologiques et de l’infertilité.

Les différentes méthodes :

La méthode Ogino-Knauss est une méthode qui est devenue vite obsolète car tournée vers la phase post-ovulatoire.

La méthode Billings est « une méthode naturelle qui offre la possibilité à la femme de connaître sa période de fertilité et de non fertilité en se basant sur l’observation quotidienne de sa glaire cervicale ».

Cette méthode  a été élaborée par les docteurs John et Evelyn Billings, couple de médecins australiens à partir de 1964 (lui neurologue et elle pédiatre). Ils ont voulu intégrer la phase pré-ovulatoire à celle déjà étudiée auparavant dans la méthode Ogino-Knauss, d’où l’observation de la glaire cervicale est produite en phase pré-ovulatoire.

Plusieurs études, dont celles de l’OMS, ont reconnu la validité de la méthode Billings ainsi que sa grande simplicité d’application. En effet, il n’y a rien de sorcier, simplement d’observer le fond de sa culotte et ressentir les sensations au niveau de sa vulve durant la journée. Tout le long du cycle, tu observes que ta glaire cervicale change, parfois sèche, parfois humide voir translucide. Et quotidiennement, tu vas noter dans un tableau les différentes sensations et aspects observés (en employant les mots de ton choix).

Les plus

  • vision globale de son corps
  • une meilleure connaissance de soi-même
  • repérer les jours fertiles et infertiles. Quand le mucus cervical est glissant comme un toboggan ça veut dire que tu es fertile, si le mucus cervical est absent ou sec tu es probablement dans une période infertile.
  • méthode efficace entre 98% et 99%
  • favorise le diagnostic de certaines pathologies gynécologiques, souvent asymptomatiques.

Les moins

  • risque de louper le coche de l’ovulation qui se détecte avec une prise de température quotidienne. Et oui ! La température augmente de 0,5 à 1 C après le jour de l’ovulation.

La méthode sympto-thermique vient du professeur autrichien Rötzer dans les années 1960.

Il a mis en corrélation la température au réveil et l’observation de la glaire cervicale. Il a observé un lien entre la hausse de température, l’aspect glissant de la glaire et l’ovulation. Cette méthode demande d’être assidue car la température basale doit être prise tous les matins à la même heure au réveil avec un minimum de 3 heures de sommeil. Il est important que tu ne sortes pas de ton lit sans que tu aies pris ta température, car le fait de juste mettre le pied par terre peu faire monter ta température. Pour les mamans qui se lèvent la nuit pour allaiter par exemple et qui ne font pas des nuits complètes, c’est pas grave, il existe plusieurs solutions ; la première est d’avoir dormi minimum 30 minutes avant la prise de température, si bien sûr la nuit n’a pas été trop catastrophique avant. Il existe sinon des thermomètres que tu peux te mettre autour du bras (Tempdrop) ou dans le vagin et qui prenne ta température interne pendant la nuit (TrackleTrackle). Là c’est toi qui décides avec quelle méthode tu es la plus à l’aise. Le plus important est que le thermomètre soit à double décimale après la virgule pour être le plus précis possible.  Une fois la température prise tu vas la noter sur un cyclogramme qui sera un peu comme ton journal de bord. Sur ce tableau sont annotées de multiples informations, l’aspect de la glaire, sa consistance, la position du col de l’utérus, s’il est dur ou mou, si tu as des symptômes au niveau de la poitrine, du bas du ventre, des ovaires, si tu as eu des migraines, ton humeur, ton niveau d’appétit … bref c’est comme un journal intime dans lequel tu vas y mettre toutes les observations que tu auras faites au cours de la journée.

Les plus

  • vision globale de son corps
  • une meilleure connaissance de soi-même
  • la multiplicité des biomarqueurs qui rendent la méthode fiable à 98% selon l’OMS
  • favorise le diagnostic des troubles du cycle et donc possibilité d’optimiser le projet de conception si désir de bébé

Les moins

  • nécessite un thermomètre à double décimale
  • prise de la température au réveil tous les jours à la même heure (si grasse mat prévue mettre un réveil à l’heure de prise de la température des autres jours et se rendormir après) 30mn à 1h de décalage autorisé
  • lorsque les températures varient beaucoup difficulté d’interprétations, nécessite d’être accompagnée au début

La méthode FertilityCare a été élaborée par le gynécologue-obstétricien Thomas Hilgers en 1977. 

Il s’est appuyé sur la méthode Billings en s’appuyant sur l’observation de la glaire cervicale, mais il a souhaité utiliser des annotations standardisées, que tout le monde peut comprendre, dans le tableau de suivi.

Cette méthode ne prend ni en compte la température, ni le col de l’utérus, mais uniquement la glaire et les saignements. C’est la première fois que cette méthode porte un intérêt sur le traitement de l’infertilité. Il a utilisé son expertise gynécologique pour mettre en avant une approche de médecine de restauration de la santé gynécologique et de la fertilité NaProTechnology (Natural Procreative Technoly).  C’est une aide médicale sur mesure pour favoriser une conception naturelle, les instructeurs et les médecins formés travaillent ensemble pour garantir une prise en charge globale et personnalisée.

Les plus

  • vision globale de son corps
  • une meilleure connaissance de soi-même
  • évaluation des dysfonctionnement gynécologiques (cycle irréguliers, saignements anormaux, kystes ovariens à répétitions, SPM, règles douloureuses, post partum

Les moins

  • risque de louper le coche de l’ovulation qui se détecte avec une prise de température quotidienne
  • il faut être suivie par un instructeur en NaProTechnology qui analyse les résultats au cours des cycles

La méthode FEMM est la plus récente et combine un peu tous les biomarqueurs : TB, glaire cervicale, col de l’utérus, tests urinaire d’ovulation (qui détectent le pic de LH) et la femme y ajoute diverses observations et symptômes dans l’application pour smartphone. Il en existe de nombreuses plus ou moins ludique. Welcome to the FemTech !

Les plus

  • vision globale de son corps
  • ludique pour les jeunes filles
  • la vision dépasse le désir de grossesse mais le souhaite de mieux se connaître
  • les applications sont fiables et de qualité

Les moins

  • risque de louper le coche de l’ovulation qui se détecte avec une prise de température quotidienne si désir de grossesse
  • attention à celles qui font des prédictions sur le cycle (date d’ovulation, date des prochaines règles …)